Atchoumation

"bonsoir mes petits gens"

"bonsoir mademoiselle, comme vous êtes charmante"
"huhu, merci, vous aussi"
"oh, je vous en prie, entre vous et moi, le charme a choisi son camp"
"arrêtez, vous allez me faire rougir"
"si vous rougissez, jeune demoiselle, c'est moi qui vais rougir de partout partout"
"huhu", dit-elle en retournant s'assoir.

"bonsoir monsieur, vous allez bien ?"
"oui, mon bon, je vais bien"
"elle est où votre fille ?"
"je n'ai pas de fille moi"
"ah ? mais alors, pourquoi me parlez vous monsieur, vous faites de l'ombre à la jeune demoiselle qui suit .."
"mais ce n'est pas une demoiselle, c'est ma femme".
"oh, vraiment, mais elle ne fait absolument pas votre âge, je vous en prie madame, veuillez entrer, vous êtes venue avec votre enfant"
"comme vous êtes charmeur mon bon monsieur, mais c'est mon petit enfant, et voilà ma fille, sa maman, derrière moi, Gertronde, et son mari, Albert"
"oh qu'elle est mignonne ce petit bébé, elle a un air de Danièle Gilbert, mais ... j'vous rassure, en un peu moins conne"
"eh toi, tu vois le truc qui pendouille là .."
"ah oui ?"
"et bien, ce sont ses couilles .."
"aaaaaaaahhh ... vouiiii ... c'est ça, veuillez rentrer, ça va commencer ... hum"

********

Hum hum hum ..
Excusez moi, veuillez vous taire quand je parle ...
Capucine, on se tait quand je parle .. tut .. tu te tais !
Aloooors, on va commencer, donc je prénomme Atchoumation, voui, c'était marqué à l'entrée, je sais, mais parfois, certains ne comprennent pas où ils sont, donc là, je suis obligé de préciser ..
je suis un jeune nain, voui, c'est pour ça tous les poils, non non, ce n'est pas du toc, c'est du vrai, vous voulez toucher ? allez, mademoiselle, osez toucher mes poils ... allez, ne soyez pas timides, vous en mourrez d'envie .. mmmhh, oh oui, tu aimes ça, tu peux les lécher si tu veux ma chérie ..
donc j'ai des poils, aaahh, par contre, tu ne mords pas, merci, t'es gentille, allez, va voir à la fin du spectacle, on va se voir dans les loges, oui oui, les loges, t'inquiètes pas, je te donne l'adresse à la fin, non, tu ne vas pas te perdre ... non, je ne vais pas te manger ... aaaahh, ben si t'insistes, oui, je vais te croquer .. mais attends, on n'est pas seuls là .. oh ça ne te dérange pas .. oohhh mais moi non plus tu sais .. et puis, ils n'auront qu'à attendre, la salle n'est pas encore très remplie pour le moment .. tu viens avec moi, allez, n'aies pas peur, lèves toi ...

"hum hum .. messieurs dames, une urgence nous fait retarder le spectacle, merci de patienter quelques dizaines d'heures, je suis très en forme ce soir, et je m'en vais jouer avec cette demoiselle .. je reviendrais très vite, ne vous inquiétez pas ..
bonne soirée à vous, messieurs dames .. allez, madame, faites pas la tête, elle aurait pu ressembler à Amélie Nothomb .. ah oui, zut, c'est vrai, c'est un garçon .. bon ben au revoir, je vous aime hein, bisous bisous .. oui, ma chérie, toi aussi, tu peux venir dans les loges ..ah, par contre, toi, mon grand, tu vas rester là, pas que je t'aime pas, mais avec tes boutons, j'ai peur que ce soit contagieux .. oh, oui, je suis méchant mes chéries, venez me punir dans les loges ..
au revoir les gens, mais arrêtez de me pousser mes chéries, au revoir, je vous aime les gens, à tout de suuiiitt....////FLASHHH///(porte qui claque) ...

La suite ! La suite !

**J'ouvre la porte, son grincement pénètre dans le silence de la salle, plongée dans le noir. On n'entend un proche ronronnement .. je monte sur la scène, laissant les deux demoiselles épanouies et évasées dans les loges ...**

"Hum ... bonsoir ..
Vous êtes encore là ?"

**Pas de réponse, je commence à prendre peur que ma fuite n'ait désarçonné mes visiteurs, je n'aurais jamais dû, mais ... son oeil pétillant, ses joues charmantes, ses cuisses accueillantes, tout en elle était flateur, je ne pouvais passer mon chemin, et continuer sans faire remarquer le titillement qu'elle m'occasionner ... oh, tiens, quelques bruits de chaises dans les gradins, je perçois au travers des seules lumières des issues de secours quelques mouvements. Une dame remet ses cheveux en place .. et puis, le ronronnement, qui était en fait un ronflement, s'interrompt. Ils s'étaient endormis ces agneaux .. Lorsqu'ils me virent de retour sur scène, je pus remarquer ce sourire satisfait sur leur visage, ils étaient heureux d'être là, et enfin, je pouvais continuer de me présenter**

"Mes chers enfants, nous sommes tous là pour un jour heureux et plein d'allégresse.
Ce soir, au cours de ce spectacle, vous allez apprendre à me connaître .."

**Cette phrase fit pétiller quelques yeux, et je ne compris qu'un peu plus tard que le faisceau lumineux qui m'éclairait n'était pas dû à leurs yeux, mais bien au spot qu'avait allumé l'ingénieur des lumières .. j'en fus déçu sur le moment ..**

"Vous me connaissez tous, tant que vous êtes, vous m'avez croisé pour la plupart, et vous pensez m'avoir oublié, mais non, vous ne m'avez pas oublié. Je suis celui qui vous rend heureux, oui, c'est moi le bonheur. Et vous me connaissez donc tous, oui, mesdames, à chaque fois que vous croisez un homme que vous désirez, je suis là, dans votre imagination, c'est moi que vous imaginez .. oui messieurs, lorsque vous croisez une femme et que vous l'imaginer éprouver du plaisir, c'est bien à moi qu'elle pense, je suis celui duquel vous êtes jaloux. Je suis en vous, mais certains ont eu le plaisir et le bonheur de me croiser réellement, car sous mon abstraction plaisante et extraordinaire, se cache aussi un corps bien réel.
Ce corps est aussi un plaisir, un plaisir pour les yeux qui peuvent l'observer, un plaisir pour les mains qui peuvent le toucher, un plaisir pour les langues qui peuvent le goûter, un plaisir pour les narines qui peuvent le humer, un plaisir pour les poils, qui peuvent s'y frotter.
Certains disent que j'ai beaucoup de poils, je refuse, à l'origine, à ma naissance, survécue une journée de novembre il y a vingt-quatre ans, je n'étais presque pas poilu, oui, je n'en avais pas beaucoup. Non, tout ce poil que j'ai maintenant, on me l'a donné, ce sont toutes celles et ceux qui se sont frottés contre moi, qui, en allégeance, m'ont transmis certains de leur poils. Ainsi, j'ai des poils de toutes sortes, du laossien, du zambabwéen, du belizien, de partout ...
Je naquis donc en novembre, c'est un mois où il fait froid, où il fait gris, où il fait triste. Et pourtant, ce 14 novembre, la légende, le mythe, veut qu'un soleil apparut, qu'un ciel bleu se développa, et que les gens, heureux de voir le bonheur naître, se léchèrent les poils. Cette journée bénie fut trop rapidement oubliée, beaucoup d'entre nous n'en ont jamais entendu parler, car ils étaient trop jeunes, et les humains, honteux, n'osèrent plus en parler...
Etre honteux d'être heureux, c'est une honte ! C'est lorsque j'ai compris que les humains étaient nuls et n'osaient pas être heureux que je suis devenu nain (et pourtant, j'étais un humain qu'avait eu la chance d'être hispano-normand, un mélange savoureux et intense). Cette transformation m'apporta une confirmation que j'étais le bonheur, et que nul ne pouvait s'y opposer.
Une fois nain, je devais m'affirmer. Je devins alors intensément incontrôlable, voulant répandre mon bonheur là où on en voulait, partout on me demandait, je cour..."

"Oh oui, viens répandre ton bonheur sur moi !", hurla ma partenaire des loges ..

"hum .. je courrais comme je disais ... et pour vous prouver ce que je disais, je vais courir jusqu'aux loges, voler même ... j'arriiiiiive ma sarbacanne !!"

**La salle, bouche bée se remplissant de salive, applaudit ma sortie de scène, et toute émoustillée par ma voix suave, douche et sensuelle, se réchauffa rapidement, en se titillant les tétons ...**

ben alors sam !!! où que t'es passé ?